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Au Revoir Là Haut: Le Chef D'Oeuvre de Dupontel?









On attendait beaucoup de Au Revoir Là Haut après les retours dithyrambiques de la presse française à son égard. Le fait que le dernier film d’Albert Dupontel soit tiré du roman éponyme de Pierre Lemaître, Prix Goncourt 2013, amplifie les hauts espoirs que le public plaçait en cette œuvre. Dans un tel contexte, il est facile de décevoir… Et pourtant non ! Au Revoir Là Haut dépasse toutes espérances et semble bel et bien être le chef d’œuvre de Dupontel !


L’histoire est celle de deux rescapés des tranchées qui, un an après la Première Guerre Mondiale, sont encore marqués par le traumatisme que celle-ci a engendré, qu’il s’agisse d’un traumatisme physique comme pour Edouard (Nahuel Perez Biscayart), jeune aristocrate et artiste talentueux défiguré par un obus, ou mental comme c’est le cas pour Albert (Albert Dupontel), un modeste comptable que la guerre a rendu paranoïaque. Désabusés par les conséquences de la guerre et l’hypocrisie de la population civile qui publiquement adore ses héros de guerre sans jamais réellement les soutenir individuellement dans le privé, les deux compères décident d’unir leur talent afin de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, cette entreprise va s’avérer être aussi dangereuse que spectaculaire…




Un chef d’œuvre visuel


Malgré son sujet difficile et les actions peu reluisantes de ses personnages, Au Revoir Là Haut, est avant tout une magnifique œuvre d’art. Le film est visuellement époustouflant, notamment grâce à ses mouvements de caméra magistraux, ses prises de vue poétiques et ses cadrages originaux. Les splendides costumes, les masques surprenants d’Edouard, le maquillage et les décors contribuent également à brosser un portrait de l’après-guerre très agréable à l’œil. L’ambiance visuelle du film rappelle celle des œuvres de Caro et Jeunet et plonge de ce fait les amateurs de cinéma français dans une douce nostalgie qui tranche d’une manière intéressante avec les sentiments moins agréables que les souvenirs de guerre et d’après-guerre suggérés par le film. Ce contraste entre la beauté enchanteresse du film et le sujet très dur qu’il approche crée une jolie poésie.



Un air de conte de fée

Cette poésie confère au film une ambiance de conte. De fait, certains pourront lui reprocher un aspect irréaliste et des personnages caricaturaux. Pourtant, loin d’être une faiblesse, le côté romanesque du film contribue à générer de profondes émotions chez les spectateurs. En effet, grâce à une mise-en-scène inspirée de ses personnages, et ce notamment lorsqu’il s’agit de les présenter aux spectateurs, Dupontel parvient à donner à chacun des protagonistes, même ceux les plus secondaires, une aura particulière.



Des personnages intrigants


Ces personnages théâtraux, plus que l’intrigue, dirigent la progression de l’histoire : plutôt que de se concentrer sur l’arnaque imaginée par Albert et Edouard, Dupontel décide d’explorer la manière dont ses personnages agissent et réagissent face à cette escroquerie. Et c’est tant mieux, puisque cette approche rend le film intéressant même aux yeux de ceux pour qui le thème n’apparaît pas de prime abord comme digne d’intérêt. De fait, les sentiments qu’éprouvent les spectateurs vis à vis des personnages n’en sont que plus forts : on adore détester le lieutenant Pradelle (brillamment interprété par Laurent Lafite), on est émue pour la sœur d’Edouard (Emilie Dequenne, excellente elle aussi), on soutient de tout notre cœur les deux escrocs très touchants. Par conséquent, l’audience est plus que jamais impliquée dans le film et rattachée aux enjeux de celui-ci.




Un poème mélancolique et émouvant


En outre, cette empathie pour les personnages rend l’œuvre de Dupontel très émouvante. Là où d’autres films de la sélection cinémania tentent sans succès de généré des émotions superficielles, Au Revoir Là Haut est naturellement bouleversant. Malgré son sujet difficile, le film arrive à insérer de jolies touches d’humour et à faire rire la salle, créant un beau contraste avec d’autres scènes beaucoup plus tragiques et poignantes. Pour reprendre cette expression populaire, le film fait littéralement passer le spectateur du rire et aux larmes. Ceci est dû à l’attachement que l’on développe pour les personnages, mais aussi et surtout, aux prestations justes mais pourtant époustouflantes des acteurs. Notamment celle de Nahuel Pérez-Biscayart (récemment révélé au grand public dans 120 Battements par Minutes) qui est plus impressionnant que jamais. Malgré un rôle quasiment muet et un visage la plupart du temps recouvert de masques, l’acteur parvient à transmettre toute l’intériorité de son personnage à travers son regard et sa manière de se mouvoir. Il relève ainsi le défit de son rôle avec une maestria étonnante et réussit à émouvoir les spectateurs. Son regard morose se conjugue parfaitement à la poésie de l’image et des situations ; ensemble, ils apportent une dimension mélancolique au film qui de fait se savoure comme une douceur amère.




Le Chef d’œuvre de Dupontel ?


La presse française dit qu’avec Au Revoir Là Haut, Dupontel tient son chef d’œuvre et elle a probablement raison. Ce conte mélancolique à la richesse visuelle et aux personnages émouvants emporte complétement ses spectateurs dans un voyage magique qu’ils ne sont pas près d’oublier.

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